Les migrations : une source de progrès pour un développement durable
Les migrations sont souvent perçues comme un problème qu’il faut résoudre. Or, les faits montrent que la réalité est tout autre. Avec leurs connaissances, leurs réseaux et leurs compétences, les migrants − qui représentent 3,6 % de la population mondiale − contribuent à bâtir des communautés plus fortes et plus résilientes dans leur pays d’origine et dans le pays d’accueil.
La pandémie de COVID-19 a démontré le rôle essentiel des migrants dans de nombreux pays. Pourtant, la discrimination, la xénophobie et la stigmatisation à l’encontre de ces personnes demeurent virulentes. Des milliers de migrants vivent des situations de grande souffrance, disparaissent ou meurent durant leur voyage.
En 2018, les États membres ont présenté un plan international qui vise, d’une part, à réduire les risques et les vulnérabilités auxquels sont exposés les migrants, et d’autre part, à faire en sorte que les migrations contribuent pleinement au développement dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Quatre ans plus tard, le premier Forum d’examen des migrations internationales, organisé à New York les 17 et 18 mai 2022, sert de tribune pour faire part des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Pacte, les meilleures pratiques étant partagées par le Pôle du Réseau sur les migrations.
L’innovation dans la région Asie-Pacifique
« Nous n’avons pas posé de questions sur la race ou la religion. Nous n’avons pas demandé de papiers. Nous avons juste joué. Mais je me demandais pourquoi mes amis ne pouvaient pas aller à l’école », raconte Mukmin Nantang, le fondateur de Borneo Komrad, une initiative qui vise à scolariser les enfants apatrides dans l’État de Sabah, en Malaisie.
En Malaisie, les sans-papiers se comptent par centaines de milliers − des personnes qui, souvent, vivent dans une extrême pauvreté et se voient refuser l’accès à l’école, aux soins et à l’emploi. Nombreux sont les enfants qui finissent par tenter de gagner de l’argent dans des lieux comme le marché aux poissons de Kota Kinabalu, la capitale de l’État de Sabah.
Borneo Komrad dirige trois écoles et mène des campagnes de sensibilisation sur la question des apatrides. Avec le temps, le message passe et les mentalités changent. « Le ministre de l’Éducation voulait ouvrir des écoles pour les enfants apatrides. C’est un grand pas », explique Mukmin Nantang.
Borneo Komrad a remporté le Défi de l’innovation pour la mobilité humaine − un hackathon en ligne organisé en 2021 par le PNUD et la Fondation Citi pour les jeunes de la région Asie-Pacifique, qui comprenait des conférences, des ateliers et du mentorat, avec à la clé un financement pour démarrer.
Le défi a rassemblé 100 innovateurs et 39 entreprises du secteur social travaillant pour les migrants dans la région. Parmi les autres projets en rapport avec la mobilité humaine soutenus lors du hackathon, on peut citer une entreprise qui améliore la situation socioéconomique des collecteurs de déchets au Bangladesh, de nouvelles habitations mobiles pour citadins pauvres aux Philippines qui permettent à ces personnes de se rapprocher des services et des emplois, et une entreprise durable du secteur de la mode qui emploie des réfugiés en Indonésie.
Tirer profit de la contribution des migrants
Des centaines de milliers de Moldaves vivent à l’étranger. La plupart d’entre eux sont des jeunes qui entretiennent des liens étroits avec leur pays d’origine où vivent encore leurs familles. Le PNUD a appliqué son approche selon cinq piliers pour mettre en contact les membres de la diaspora moldave avec des initiatives de développement local, que l’on pouvait soutenir financièrement ou en apportant ses compétences et son expérience. Des infrastructures − trottoirs, terrains de jeux, centres socioculturels, éclairage public − ont ainsi été rénovées dans près de 100 localités, des rénovations qui ont profité à plus de 300 000 personnes.
Cioresti est l’une des 32 villes qui travaillent en étroite collaboration avec le PNUD pour faire en sorte que les migrations servent le développement local. « Nous avons créé une association des émigrés de Cioresti, puis nous avons pris contact en ligne avec des personnes originaires de la ville qui ont émigré », explique Valeriu Gutu, le maire de Cioresti. Au bout de trois mois, l’association soutenait la création d’un nouveau service de gestion des déchets dans la ville. « Nous avons jeté un pont entre les personnes originaires de Cioresti qui vivent à l’étranger et la population locale », ajoute le maire.
Au Mexique, la plateforme en ligne Estrategia Integrate met en relation les migrants avec les autorités locales et des entreprises des villes de Puebla et Mexicali. Les pouvoirs publics locaux peuvent ainsi mettre en place une aide ciblée pour répondre aux besoins spécifiques des plus vulnérables, améliorer l’intégration socioéconomique et renforcer la cohésion sociale. La plateforme permet également aux migrants d’accéder aux offres d’emploi publiées par les entreprises locales. « Une société inclusive et équitable a plus de chances d’être une société durable », explique Marina del Pilar Avila Olmeda, ancienne présidente de la municipalité de Mexicali.
En Jordanie, le Cœur d’Amman est une initiative qui vise, d’une part, à redynamiser le cœur culturel de la ville, et d’autre part, à offrir des possibilités d’emploi égales aux jeunes, aux femmes, aux migrants, ainsi qu’aux Syriens et aux Irakiens qui fuient le conflit dans leur pays d’origine. « En formant ensemble une communauté, nous pouvons guérir, apprendre et surmonter les obstacles. Cela m’a donné la possibilité d’acquérir mon autonomie, de gagner en résilience et de rebondir », raconte Farès, un Irakien qui a bénéficié de ce programme.
L’engagement du PNUD sur la question des migrations
Dans le cadre du Réseau des Nations Unies sur les migrations, le PNUD s’est engagé devant le Forum d’examen des migrations internationales à intensifier son action auprès des migrants et de leurs communautés, et à aider les États membres dans la mise en œuvre du Pacte mondial. Le PNUD plaidera pour la mise en place d’itinéraires migratoires réguliers comme moyen pour éviter les décès et accroître la contribution des migrants au développement durable.
Le changement climatique est un défi majeur de notre temps. Tempêtes, inondations, incendies de forêt et sécheresses catastrophiques sont autant de phénomènes annonciateurs d’un avenir incertain. Le PNUD renforcera les mécanismes mis en place pour faire face aux effets sur les migrations du changement climatique et de la dégradation de l’environnement. Il investira en outre dans des solutions fondées sur la nature afin que les migrants et les populations locales puissent agir davantage pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter.
Le PNUD renforcera également son appui aux gouvernements pour favoriser l’intégration socioéconomique et la réinsertion durable des personnes rapatriées, grâce à des programmes conçus pour améliorer l’accès à l’éducation, au développement des compétences, à des emplois décents et à la protection sociale. Par exemple, le PNUD a élaboré une stratégie régionale pour l’intégration des réfugiés vénézuéliens, qui est actuellement mise en œuvre en Colombie.
Le secteur privé est un partenaire essentiel pour renforcer la contribution des migrants. Les exemples du soutien apporté par le PNUD vont de la promotion de l’inclusion financière en Équateur à une collaboration avec des entreprises et des diasporas en Serbie.
Enfin, le PNUD appuiera les initiatives favorisant la cohésion sociale qui visent à faire reculer la xénophobie, le racisme et la discrimination. Nos sociétés sont confrontées à un véritable problème, qui n’est pas celui de la migration. La contribution des migrants internationaux aux sociétés n’est plus une question. Le problème est le manque d’empathie envers les personnes venues de l’étranger.